L’Évangile selon le pape de l’acier

Andrew Carnegie était certes un fieffé capitaliste qui dirigeait ses usines d’une main de fer, mais c’était aussi un philanthrope extrêmement prodigue. En affaires, tout est permis sauf deux choses, prêchait-il : mourir à la tête d’une grande fortune et, péché plus grave encore, la transmettre à ses héritiers. 


Le richissime industriel Andrew Carnegie (1835-1919, ici caricaturé par Albert Levering en 1905) a financé, tout au long de sa vie, de nombreuses réalisations culturelles, scientifiques et même sociales. © Granger / Alamy

Le multimilliardaire Andrew Carnegie n’était pas vraiment un tendre, mais la vie, dans sa jeunesse du moins, n’avait pas été tendre avec lui. Petit Écossais dont la famille avait émigré en Amérique en 1848 pour fuir la famine, il s’était formé et instruit comme il avait pu, devenant ouvrier dans une filature, puis télégraphiste dans une compagnie de chemin de fer dont il avait rapidement gravi les échelons. Il avait alors investi ses émoluments croissants dans le secteur ferroviaire en pleine expansion, dont il connaissait tous les secrets. Délits d’initié, corruption, pots-de-vin judicieusement distribués, innovations géniales et coups tordus : sa fortune s’était vite arrondie. Après la guerre de Sécession, il s’était tourné vers la production de rails, puis d’acier, dont la demande explosait. Il produisait des poutrelles pour les derricks et les gratte-ciel, des blindages pour les cuirassés, des canons, des obus – et cela en portant une attention toute spéciale à la maîtrise des coûts (notamment salariaux), à l’intégration verticale, aux innovations et aux ententes entre producteurs (il misait à fond sur la synergie acier/chemin ...

LE LIVRE
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L’Évangile de la richesse de Andrew Carnegie, Librairie Fischbacher, 1891

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