Et c’est ainsi qu’Alexandra rhabilla Bouddha

Première Occidentale à pénétrer dans la cité interdite de Lhassa, Alexandra David-Néel est célèbre pour ses pérégrinations en Inde et au Tibet. Mais ses plus grandes aventures sont peut-être spirituelles : déçue par le bouddhisme pétri de superstitions qu’elle rencontre en Orient, elle en livre dans ses écrits une version toute personnelle. Au risque de s’éloigner quelque peu de la doxa.


Alexandra David-Néel avec le lama Aphur Yongden, son compagnon de voyage rencontré dans un monastère bouddhiste alors que le jeune homme était âgé de 15 ans. Il deviendra son fils adoptif en 1929. © Ullstein Bild / AKG

En 1924 surgit à Lhassa, pour Mönlam – la grande fête du Nouvel An tibétain –, une vieille pèlerine accompagnée de son lama de fils. La créature, qui ne paie pas de mine et parle un tibétain rugueux, passe inaperçue dans la foule. C’est pourtant une importante personnalité lamaïste, peut-être même une dakini, l’incarnation d’une divinité féminine ; et son jeune fils serait lui-même un tulkou, c’est-à-dire la réincarnation d’un lama. Mais attirer l’attention, voilà précisément ce que la vieille femme ne souhaite pas : c’est en effet une Parisienne et la première Européenne à mettre les pieds dans la cité interdite de Lhassa, aussi dangereuse d’accès pour les Occidentaux que Tombouctou au siècle précédent. Pour gagner la ville sainte, Louise David, alias Alexandra David-Néel, a effectué un périple épouvantable de plu­sieurs mois par un itinéraire détourné, encore jamais exploré. Malgré quelques chaudes alertes, elle n’a jamais été reconnue, sauf par un lama (un voyant !) ...

LE LIVRE
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Initiations lamaïques de Alexandra David-Néel, Adyar, 2000

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