Ces banquiers qui ont provoqué la crise de 1929
Publié dans le magazine Books n° 6, juin 2009.
"Je n'ai pas de raison, j'ai des instincts", se vantait à l'époque le patron de la banque d'Angleterre. En effet!
L’aveuglement des patrons des banques centrales n’est pas une nouveauté. Témoin le livre de Liaquat Ahamed, un ancien de la Banque mondiale, qui a passé au crible leur comportement pendant la crise de 1929. Sa conclusion : la grande dépression fut « le résultat direct d’une série d’erreurs de jugement. Ce fut sans conteste la plus étonnante série d’erreurs collectives commises par les décideurs financiers ». L’appréciation aurait peut-être été un peu différente si le texte avait été écrit en 2009 et non pendant l’été 2008, avant que la crise actuelle ne se développe dans toutes ses dimensions.
En recensant ce livre, The Economist prend un plaisir particulier à décrire le patron de la Banque d’Angleterre, Sir Montagu Norman. Comme ses collègues, il était arc-bouté sur le dogme de l’étalon or. Interrogé sur les raisons de sa politique, il répondit : « Je n’ai pas de raisons, j’ai des instincts ». Il flirtait avec le spiritisme, confia un jour qu’il était capable de traverser un mur et voyageait sous une fausse identité, ce qui attira l’attention. Sujet à des accès de dépression, il se fit porter pâle quand la Grande-Bretagne, finalement, lâcha l’étalon-or en 1931. Sous l’influence de Sir Norman, son homologue américain, Benjamin Strong, baissa les taux d’intérêt au plus mauvais moment, en 1927, contribuant au déclenchement de la crise. Quant au directeur de la Banque de France, Emile Moreau, il parvint à convaincre les dirigeants du pays de rester accrochés à l’étalon-or jusqu’en 1936, garantissant ainsi à la France de rester en récession le plus longtemps possible. Interrogé après la seconde Guerre mondiale, Sir Norman reconnut : « Nous n’avons rien réussi, sinon de prendre beaucoup d’argent à quantité de pauvres diables et de le disperser aux quatre vents ».
En recensant ce livre, The Economist prend un plaisir particulier à décrire le patron de la Banque d’Angleterre, Sir Montagu Norman. Comme ses collègues, il était arc-bouté sur le dogme de l’étalon or. Interrogé sur les raisons de sa politique, il répondit : « Je n’ai pas de raisons, j’ai des instincts ». Il flirtait avec le spiritisme, confia un jour qu’il était capable de traverser un mur et voyageait sous une fausse identité, ce qui attira l’attention. Sujet à des accès de dépression, il se fit porter pâle quand la Grande-Bretagne, finalement, lâcha l’étalon-or en 1931. Sous l’influence de Sir Norman, son homologue américain, Benjamin Strong, baissa les taux d’intérêt au plus mauvais moment, en 1927, contribuant au déclenchement de la crise. Quant au directeur de la Banque de France, Emile Moreau, il parvint à convaincre les dirigeants du pays de rester accrochés à l’étalon-or jusqu’en 1936, garantissant ainsi à la France de rester en récession le plus longtemps possible. Interrogé après la seconde Guerre mondiale, Sir Norman reconnut : « Nous n’avons rien réussi, sinon de prendre beaucoup d’argent à quantité de pauvres diables et de le disperser aux quatre vents ».