Comment devenir un poète au Chili

Au Chili, la poésie est en quelque sorte le sport national. « Nous sommes double champions du monde de poésie », s’enorgueillit d’ailleurs l’un des personnages de Poeta chileno, le nouveau roman d’Alejandro Zambra. L’écrivain chilien fait par là allusion à Gabriela Mistral et Pablo Neruda, grands noms de la poésie chilienne, tous deux lauréats du prix Nobel de littérature. Poeta chileno retrace le parcours initiatique de Gonzalo, un jeune homme qui aspire avec plus ou moins de bonheur à devenir poète. Tout en interrogeant les ressorts de la vocation littéraire, Alejandro Zambra, comme dans Bonsaï (Rivages, 2015) ou Mes documents (Rivages, 2015), « décortique au fil des pages ce que cela signifie, d’appartenir à la classe moyenne », pointe Joyce Ventura dans le quotidien chilien La Tercera.

Le Chili, double champion du monde de poésie

Alors qu’il s’efforce de se faire une place au sein de l’avant-garde littéraire chilienne, Gonzalo renoue avec Carla, son amour de jeunesse, désormais mère d’un petit garçon de six ans. Et que ce soit en tant que beau-père ou en tant que poète, le jeune homme a bien du mal à se sentir légitime. « Poeta chileno traite du besoin d’appartenance et de ses paradoxes : appartenir à une famille, à un groupe, à une corporation ou à un pays. Toutes ces formes de communautés que nous recherchons et détestons en même temps », analyse Antonia Torres Agüero dans le quotidien chilien en ligne El Mostrador.

Les prétentions du poète

Si Gonzalo abandonnera finalement ses prétentions littéraires (son seul et unique recueil de poèmes, ironiquement titré « Le parc du souvenir », n’a pas marqué les mémoires), l’enfant qu’il a élevé, Vicente, deviendra, lui, un poète reconnu. Zambra dépeint non sans malice le cercle intellectuel dans lequel évolue son protagoniste, mêlant aux personnages de fiction certaines sommités de la poésie chilienne, comme Nicanor Parra ou Raúl Zurita. Le romancier entend ainsi démystifier la figure du poète : « Je voulais écrire un roman sur la poésie qui ne soit absolument pas poétique, confie-t-il au quotidien espagnol La Vanguardia. J’ai cherché à mettre par écrit la langue parlée, ce que font beaucoup les Argentins mais que nous, Chiliens, n’osons pas faire ».

À lire aussi dans Books : Nico Bleutge, ou comment être un poète allemand au XXIe siècle, avril 2020.

LE LIVRE
LE LIVRE

Poeta chileno de Alejandro Zambra, Anagrama, 2020

SUR LE MÊME THÈME

Lu d'ailleurs De l’avantage d’être un État fantôme
Médiocres milléniaux
Espionne et mère de famille  

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

Faut-il restituer l'art africain ?

Chemin de traverse

13 faits & idées à glaner dans ce numéro

Edito

Une idée iconoclaste

par Olivier Postel-Vinay

Bestsellers

L’homme qui faisait chanter les cellules

par Ekaterina Dvinina

Voir le sommaire