Comment la Chine s’est mise au piment
Publié en juillet 2020. Par Amandine Meunier.
Le piment est aujourd’hui indissociable de la cuisine chinoise. Et pourtant l’historien américain Brian Dott montre que ce fruit s’est implanté presque par hasard en Chine. Originaire d’Amérique, il y serait arrivé à la fin du XVIe siècle via l’Espagne et le Portugal dans les cuisines des navires marchands. Contrairement à d’autres épices vendues à l’époque (poivre noir, noix de muscade…), il était très bon marché, du fait notamment qu’il pousse facilement sous n’importe quel climat.
De l'Amérique à la Chine
Les marins ont donné ce « bon plan » à de petits cultivateurs. Et bientôt les classes populaires ne purent plus s’en passer pour l’assaisonnement et la conservation des aliments. « Cette transmission discrète fait qu’il est difficile de déterminer où et quand exactement les piments ont été pour la première fois cultivés et consommés dans les différentes régions de Chine », souligne la spécialiste de la cuisine chinoise Fuchsia Dunlop dans l’hebdomadaire britannique The Spectator. Dott en conclut qu’il y eut certainement plusieurs points d’entrée dans les années 1570 par la côte orientale, mais aussi via la péninsule coréenne.
Cuisine et médecine
Les traces écrites de cette arrivée sont rares. Les élites chinoises jugeant vulgaire la nourriture épicée, les livres de cuisine commencent à mentionner le piment seulement vers 1790. « Dott assure que l’intégration du piment dans la médecine traditionnelle a été la clé de sa diffusion à travers toute la Chine », précise Dunlop. L’historien explique ainsi certaines préférences régionales pour ce tonique. Le piment est ainsi particulièrement bien implanté dans le Hunan où il fait partie de l’identité locale. Mao Zedong qui était originaire de cette province en avait même fait un symbole politique : qui ne mangeait pas de piment ne pouvait pas être révolutionnaire.
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