Comment naissent les idées

Giorgio Parisi a reçu le prix Nobel de physique l’an dernier. Dans un ouvrage à paraître, il médite sur le travail des scientifiques. L’intuition y joue un rôle sous-estimé. Et les conclusions précèdent bien souvent les démonstrations en bonne et due forme.

Doù viennent les idées ? Comment se forment-elles, dans la tête d’un physicien théorique comme moi ? Quels types de procédés logiques utilisons-nous ? Je ne veux pas parler exclusivement des grandes idées, celles qui changent l’histoire de l’humanité, l’histoire de la pensée ; je veux plutôt évoquer ce qu’on a appelé la « microcréativité », les petites idées quotidiennes qui sont cruciales pour le progrès de la science. Pour moi, une idée est une pensée inattendue, surprenante, tout sauf banale. 

Je voudrais partir d’Henri Poincaré et de Jacques Hadamard. Ces deux mathématiciens, qui ont vécu au tournant des XIXe et XXe siècles, ont décrit à plusieurs reprises la manière dont leurs idées mathématiques sont nées, avec un point de vue similaire. Tous deux affirment que l’on peut identifier plusieurs étapes dans la démonstration d’un théorème en mathématiques.