Le cri d’alarme d’un prof espagnol

« Nous autres, enseignants, voulons créer des citoyens autonomes, capables d’exercer leur esprit critique, mais à la place nous sommes en train de créer des cyber-prolétaires, une génération sans culture, sans connaissances, sans vocabulaire », prophétise tristement Andreu Navarra dans une interview au quotidien El País. Historien et écrivain barcelonais, Navarra a également été professeur au collège pendant six ans, et c’est à partir de cette expérience qu’il publie Devaluación continua.

Système scolaire espagnol

Dans cet essai, il pointe les nombreux manquements du système scolaire espagnol, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le tableau du professeur Navarra n’a rien de réjouissant : baisse de niveau, absence de pensée critique et déclin de la capacité de concentration des élèves, réformes absconses, bureaucratisation du travail des enseignants les détournant de leur mission éducative… « Navarra n’est pas un théoricien, mais il vient de publier un torrent de vérités. C’est un coup de fouet pour nous sortir de l’aveuglement, un message d’urgence face la dégradation de notre modèle éducatif », commente Berna González Harbour dans El País.

Colère des profs

Navarra fustige un système qui tolère que 20% des Espagnols de 16 ans soient analphabètes fonctionnels. L’origine du problème, selon lui ? Le manque d’autonomie laissée aux enseignants et la complète déconnexion existant entre les réformes proposées par les cols blancs du ministère de l’Éducation et la réalité d’une salle de classe. « Le livre d’Andreu Navarra est promis au succès, mais le véritable succès ne peut  être que le soulèvement des professeurs décidés à lutter contre les tout-puissants qui démolissent consciencieusement notre système d’éducation publique » commente Juan Soto Ivars dans le quotidien en ligne El Confidencial. À bon entendeur…

À lire aussi dans Books : Peut-on enseigner l’esprit critique ?, septembre 2019.