Des crises pas si nouvelles
Publié le 4 octobre 2019. Par Amandine Meunier.
Le Brexit, l’élection de Donald Trump, la montée des populismes ne sont pas un dérapage incontrôlé de l’histoire. Cette explication simpliste relève du mythe, assure la journaliste britannique Nesrine Malik dans We Need New Stories. « Sa thèse est que nous ne sommes pas victimes d’une déplaisante surprise ou d’une crise inopinée. Au contraire,nous vivons l’arrivée à leur apogée de facteurs anciens alimentés par des délires toxiques qui réutilisent des thèmes vieux de plusieurs décennies», précise la documentariste Bidisha dans The Guardian.
Le refus de l’égalité des sexes, la chasse au politiquement correct, la glorification du récit national, la protection de la liberté d’expression, la dénonciation des politiques identitaires et la mise en avant d’un prétendu point de vue neutre n’ont rien de neuf selon Malik qui déconstruit un à un ce qu’elle considère être les principaux fantasmes de la société occidentale contemporaine. L’expression « politiquement correct » date ainsi de la fin du XVIIIe siècle et déjà les campus américains étaient soupçonnés de représenter un danger pour la civilisation en hébergeant « la menace rouge » au début des années 1950… « Les paniques morales des puissants sont liées entre elles, relève l’universitaire Helen Charman dans The Guardian. Elles favorisent et légitiment de graves préjudices. » Dont pâtissent les plus vulnérables, qui sont pourtant systématiquement représentés comme les agresseurs, ajoute Bidisha.
À lire aussi dans Books : Le rationalisme honni de Steven Pinker, septembre 2019.