Dans la bulle sensorielle des animaux
Publié dans le magazine Books n° 121, septembre-octobre 2022. Par Ekaterina Dvinina.
« Un dauphin qui écholocalise un humain est capable de percevoir sa forme extérieure, mais aussi ce qu’il a à l’intérieur. Les embryons de grenouille arboricole peuvent détecter les vibrations d’un prédateur et dissoudre l’enveloppe qui les abrite, ce qui leur permet de s’échapper », égraine Jennifer Szalai dans The New York Times. Le nouveau livre d’Ed Yong, journaliste scientifique pour The Atlantic, foisonne de faits étonnants sur la perception animale. « Le fait que j’aie été si souvent surprise à la lecture de An Immense World […] témoigne des dons de conteur d’Ed Yong », poursuit Szalai. Propulsé rapidement au rang de best-seller, l’ouvrage est structuré autour d’une succession de stimuli associés aux sens correspondants, depuis l’odorat jusqu’à la capacité de certains animaux à détecter le champ magnétique terrestre. Guère porté sur le jargon, l’auteur recourt au terme allemand Umwelt (« environnement »), qui avait été utilisé par le pionnier de l’éthologie Jakob von Uexküll pour désigner le monde perceptif d’un animal – sa bulle sensorielle. ...