Deux siècles de ressentiment

De l’invasion de l’Égypte par Napoléon à celle de l’Irak par George Bush, en passant par la domination israélienne, l’histoire moderne du monde arabe peut être vue comme l’expression d’une perpétuelle impuissance. En filigrane, d’irréductibles divisions et la crainte de la démocratie.


Ecole arabe à Alger, William Vaughn Tupper
«Ce n’est pas agréable d’être un Arabe de nos jours », déclarait Samir Kassir, intellectuel libanais partisan du Premier ministre Rafiq Hariri, après l’assassinat de ce dernier à Beyrouth, le 14 février 2005. À peine trois mois plus tard, comme pour étayer son propos, Kassir mourait dans l’explosion de son Alfa Romeo. Eugene Rogan rappelle ces faits au début de son excellent livre pour expliquer son projet : il traite des Arabes au cours des derniers siècles, après qu’ils ont perdu le contrôle de leur histoire ; son récit n’est pas tiré pour l’essentiel des archives occidentales, mais nourri par les Arabes. Rogan pense que l’Occident percevrait l’histoire différemment s’il la voyait à travers le regard de l’autre. Son travail se démarque de certains ouvrages qui ont fait date, tels ceux de Philip Hitti, Bernard Lewis ou Albert Hourani (1), car elle ne commence pas avec la naissance du prophète Mahomet et les cinq siècles de gloire qui ont suivi – quand, pour citer Hitti, « autour du nom des Arabes scintillait ce halo qui appartient aux conquérants du monde ». Le livre s’ouvre sur la ...
LE LIVRE
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Les Arabes. Une histoire de Eugene Rogan, Allan Lane, 2009

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