Downton Abbey, côté cuisine
Publié dans le magazine Books n° 45, juillet-août 2013.
Le gouffre entre la haute société anglaise des années 1920 et son personnel, raconté par une ancienne domestique qui n’a jamais accepté la somme de vexations et de condescendance qu’on lui faisait subir.
C’est en lisant l’autobiographie de l’ancienne domestique Margaret Powell, parue à la fin des années 1960, que John Fellowes eut l’idée de créer Downton Abbey, série télévisée à succès sur une famille aristocratique anglaise du début du XXe siècle. Somptueuse reconstitution d’un mode de vie raffiné en passe de disparaître, le feuilleton connaît depuis 2010 un énorme succès, qui explique sans doute le regain d’intérêt pour le livre, traduit pour la première fois en français. Pourtant, si la série verse parfois dans une certaine nostalgie, Margaret Powell ne regrette pour rien au monde ses années de labeur.
Lectrice boulimique mais issue d’une famille très modeste, la petite Margaret dut bien vite quitter l’école. En 1922, à 15 ans seulement, elle est embauchée comme assistante cuisinière dans une riche famille londonienne. De 5 h 30 du matin à 10 heures...