Emmanuel Todd : « Trois ans de fac pour tous »

L’université ne sert pas qu’à apprendre des choses utiles. Elle sert aussi et surtout à ouvrir l’esprit, estime l’historien et anthropologue français en réaction à la thèse iconoclaste de Bryan Caplan.

Vous avez lu le livre de Bryan Caplan, The Case Against Education. Qu’en avez-vous pensé ? Caplan est un libertarien : il ne croit qu’au marché, il est anti-État, antisocial. Et, paradoxalement, il a produit une théorie qui va très au-delà de ce que pourrait dire un Mélenchon contre le système. En lisant ce livre, j’en suis arrivé à la conclusion que les libertariens, certes socialement nuisibles, peuvent être intellectuellement utiles. Son grand mérite, selon moi, est de démolir la théorie du capital humain, cette grande niaiserie dominante dont les économistes avaient accouché pour justifier les inégalités de rémunération. Le fait est que plus le niveau d’études supérieures est élevé, plus la rémunération est forte. Les économistes ont voulu y voir la preuve que les études ­supérieures apportaient des compétences réelles pour les métiers exercés par la suite. Ce que montre Caplan de façon dévastatrice, c’est qu’il n’en est rien. Dans votre dernier livre, Où en sommes-nous ?, vous dénoncez, à la suite du socio-logue britannique Michael Young, ...
LE LIVRE
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The Case Against Education: Why the Education System Is a Waste of Time and Money de Bryan Caplan, 86, 2018

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