La mauvaise image des Espagnols : c’est la faute à Voltaire !
Publié en novembre 2019. Par Pauline Toulet.
L'hispanophobie de Voltaire
Selon Roca Barea, tout s’est joué en 1700 lorsque les Bourbons français, dont la dynastie commence avec Philippe V, prirent place sur le trône d’Espagne. Dès lors, la vision négative qu’avait la France de l’histoire de l’Espagne, du fait principalement de l’Inquisition, s’est imposée au sein des élites intellectuelles et politiques espagnoles, soucieuses de se rallier au discours dominant. L’un des principaux responsables de cette hispanophobie ? Voltaire !, répond la philologue. Ses textes sur l’Espagne, notamment ses Essais sur les mœurs, nourrissent l’idée que « l’Espagnol est un être intrinsèquement arriéré, paresseux, ennemi de la science et du progrès, fanatique, génocidaire, une canaille ingouvernable et orgueilleuse vouée à l’échec », commente Rafael Fuentes dans le quotidien ABC.
Conception péjorative de l'Espagne
Depuis le XVIIIe siècle, les classes cultivées espagnoles n’ont pu se départir de cette conception péjorative de leur pays, accentuée par les années de franquisme. Roca Barea « pense que l’adoption d’une posture critique, disqualifiante voire contrite vis-à-vis des gloires de la patrie est propre à l’Espagne », regrette José-Carlos Mainer dans le quotidien El País. Cet historien de la littérature n’est visiblement pas d’accord avec elle, puisqu’il qualifie sa prose de « fantaisiste et impulsive » et juge que ses « interprétations ne découlent pas d’une lecture attentive des textes ».
À lire aussi dans Books : Le mythe de l’unité espagnole, septembre 2010.