Dossier
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La fin d’un « royaume des femmes »

Les Mosos, minorité du sud-ouest de la Chine, formaient jusque dans les années 1990 une société proche du matriarcat. Leur mode de vie a volé en éclats sous l’effet d’un tourisme de masse exploitant le mythe de l’amour libre.


© Patrick AVENTURIER/Gamma-Rapho / Getty

Un village moso des bords du lac Lugu, dans la province du Yunnan, en 2000, avant que ses habitants soient transformés en attraction touristique.

Dans les années 1920, le journaliste et botaniste austro-américain Joseph F. Rock s’était rendu au lac Lugu, dans les montagnes qui séparent les provinces du Sichuan et du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine. Il avait pris beaucoup de photos des habi­tants de la région et avait mentionné en passant qu’il s’agissait d’une société ­matriarcale. Il lui avait fallu onze jours pour parvenir au lac, en cheminant difficilement sur de dangereux sentiers de montagne depuis sa base de Lijiang, accompagné d’un bataillon complet de porteurs ­ainsi que, pour son premier voyage, d’une escorte imposée de dix soldats. Aujourd’hui, les lieux sont desservis par un grand axe routier, un télé­phérique et un aéroport – et, presque chaque soir, les Mosos, qui sont environ 40 000, ­revêtent leurs tenues d’apparat et dansent pour les touristes. La région possède bien des attraits : un paysage magnifique, une mosaïque de cultures issues de minorités ethniques… Mais la grande attraction, pour la promotion du tourisme, c’est l’aspect de la société moso sur lequel Joseph Rock ne s’était pas étendu : son caractè...
LE LIVRE
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The Kingdom of Women: Life, Love and Death in China’s Hidden Mountains de Choo Waihong, I. B. Tauris, 2014

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