Le football n’est plus ce qu’il était
Publié en octobre 2019. Par Amandine Meunier.
Deux grands mensonges circulent sur le football : ce ne serait qu’un jeu et il ne se mêle pas de politique. Dans The Age of Football, le journaliste britannique David Goldblatt les dément tous les deux.
« Puisqu’il peut être à la fois réactionnaire et progressiste, stupide et stimulant, le football devient un prisme pour comprendre le monde», note le journaliste Tobias Jones dans The Sunday Times. Il offre tout spécialement, selon Goldblatt, un moyen d’étudier les effets de la mondialisation. Pendant la Coupe du monde 2014 au Brésil, aucun des membres de l’équipe d’Uruguay ne jouait dans son propre pays, et seuls un Ghanéen et un Ivoirien évoluaient dans leurs championnats nationaux. La plupart des pays voient leurs meilleurs joueurs raflés par les plus grands championnats du monde. Les stades se vident et la planète entière regarde à la télévision les mêmes matchs dans lesquels s’affrontent une poignée d’équipes européennes.
Le football divise
Déjà auteur de trois livres sur l’histoire du football, Goldblatt a souvent souligné la contribution du plus beau jeu du monde à l’harmonie entre les nations et à l’égalité entre les hommes. « Mais une décennie seulement après son premier ouvrage, il met plutôt en avant les façons dont le football divise les gens », pointe le critique Tim Adams dans l’hebdomadaire The Observer.
Utilisation politique
Goldblatt montre, entre autres, comment le football sert les ambitions impériales des Émirats du Moyen-Orient (achats de clubs étrangers, organisation de la coupe du monde au Qatar), a permis à Daech de recruter de jeunes combattants, et dope la communication de quasiment tous les « hommes forts » du monde (Amérique du Nord exceptée) d’Erdoğan en Turquie à Xi en Chine.
Même en Angleterre, Goldblatt voit l’influence du ballon rond sur le populisme nationaliste et vice-versa. Il a remarqué que depuis vingt ans les supporters anglais préfèrent la Croix de saint Georges (symbole anglais) à l’Union Jack britannique, et que le référendum sur le Brexit avait eu lieu en juin 2016 alors que l’équipe nationale était malmenée à l’Euro de football.
À lire aussi dans Books : La FIFA ou la corruption en toute impunité, septembre-octobre 2018.