France – Etats-Unis: incompréhension mutuelle assurée
Publié le 24 juin 2015. Par la rédaction de Books.
Crédit: Pete Souza/White House
Vu le peu d’intérêt que portent les Etats-Unis aux vues françaises, on peut se demander pourquoi la NSA a mis sur écoute les trois derniers présidents. L’asymétrie qui mine les relations franco-américaines depuis des décennies est détaillée, en 2002, par Michael Brenner et Guillaume Parmentier, dans Reconcilable Differences: U.S.-French Relations in the New Era. Selon eux, depuis la fin de la guerre froide, les Français sont contraints de se soucier des positions de l’unique superpuissance. Les Américains, eux, restent indifférents aux avis de la France, même lorsque son ministre des Affaires étrangères vient les tancer à l’ONU.
Symbole de cette non-communication : les débuts de l’OTAN. La France, apôtre du multilatéralisme, compte, dès les années 1950, sur la Communauté économique européenne pour faire contrepoids aux Etats-Unis. L’Amérique fonde, elle, sa stratégie sur une OTAN forte. Si les Français semblaient avoir bien compris la doctrine américaine, de l’autre côté de l’Atlantique, les positions de Paris sont mal interprétées, quand elles ne sont pas simplement moquées. Les oppositions répétées de la France à l’OTAN sont vues comme de simples rodomontades. Même la tentative française de normaliser ses relations avec l’OTAN dans les années 1990 reste source de malentendus. Les Français expliquent mal leur idée de faire tourner le commandement Sud de l’organisation entre des pays européens. Et les Américains se méprennent sur les intentions de leur partenaire.
Tel que l’expliquaient en 2002 Brenner et Parmentier, la France est une vieille nation nourrie d’histoire et les Etats-Unis une nouvelle puissance qui fait peu de cas du passé. Ce qui rendrait leur rivalité impossible à arbitrer.