Une histoire de la vengeance
Dans Revenge : A Short Enquiry into Retribution, Stephen Fineman s’intéresse à la vengeance, qu’il présente comme « le plus primaire des désirs humains ». Ce professeur de psychologie de l’université de Bath affirme que notre capacité à garder rancune est une caractéristique distinctive de notre espèce. L’Histoire, mais également la fiction, par le biais des mythes, de la littérature ou du cinéma, fournissent de nombreux exemples d’actes vengeurs.
Dans une perspective historique, l’auteur analyse comment les différentes civilisations ont tenté de juguler le désir de vengeance. Le roi babylonien Hammurabi établit la loi du talion (« œil pour œil, dent pour dent ») pour empêcher que ses sujets ne se fassent justice eux-mêmes. De nos jours, nous avons inventé un nouveau moyen de canaliser nos pulsions vengeresses : écrire ses mémoires. Les hommes politiques règlent maintenant leurs comptes par publications interposées, s’amuse Fineman.
L’auteur évoque aussi les vengeances de moindre portée, celles de la vie de tous les jours. « Des actes de sabotage mineurs peuvent apporter un soulagement dans le cas d’un travail intrinsèquement aliénant ou monotone », écrit-il. Cracher dans la nourriture pour se venger d’un client désobligeant semble être chose commune dans la restauration. L’ouvrage suggère donc que « ce que nous appelons justice n’est pas tant le contraire de la vengeance qu’un moyen de la légaliser », souligne John Carey dans The Times.
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