L’importance d’une île

L’île de Surtsey, résultat d’une éruption volcanique sous-marine, est apparue brutalement au large de l’Islande en novembre 1963. L’île Julia (appelée aussi Ferdinandea, Graham…), a, dans les mêmes circonstances, émergé, au moins deux fois en Méditerranée, en 1831 et 1863. Elle est aujourd’hui à huit kilomètres sous le niveau de la mer.

Dans The Age of Islands, Alastair Bonnett, professeur de géographie sociale à l’Université de Newcastle, recense ces morceaux de terre qui apparaissent ou disparaissent en mer du fait de l’action des éléments ou de l’homme, assurant que leur signification politique, économique, culturelle et militaire n’a peut-être jamais été plus grande qu’aujourd’hui.

Tour du monde des îles artificielles

Son ouvrage ressemble « tour à tour à un atlas et à une excursion », remarque l’écrivain James McConnachie dans l’hebdomadaire britannique The Sunday Times. Bonnett raconte comment des îles de glace sont créées pour accueillir les plateformes pétrolières en Alaska en vaporisant de l’eau de mer, comment en 1794, Leopold III d’Anhalt-Dessau fit construire dans ses jardins en Saxe une île artificielle avec un faux volcan intégré, comment Hulhumalé, une petite île de l’archipel des Maldives, a été agrandie pour accueillir la population de ce minuscule pays surpeuplé et menacé par l’océan.

Mais malgré tout l’enthousiasme de Bonnett pour « l’audace et la créativité » des îles artificielles, malgré toutes les séduisantes petites cartes dessinées à la main pour chacune d’entre elles, la réalité sur le terrain est déprimante, regrette McConnachie. Au Panama, le géographe visite l’archipel de Sans Blas, extrêmement pauvre et voué à disparaître sous l’effet de la montée des eaux, et parcourt aussi de l’autre côté de l’isthme, les îlots Ocean Reef construits dans la baie de la capitale pour héberger de luxueuses résidences privées.

Le béton contre la montée des eaux

Il « passe rapidement sur les problèmes légaux » soulevés par l’artificialisation de la mer de Chine par Pékin aux dépens de ses voisins, regrette le romancier James Hamilton-Patterson dans la Literary Review. Mais il insiste sur la dimension écologique de son sujet relevant cette statistique : en trois ans, entre 2011 et 2013, la Chine a utilisé plus de béton que les États-Unis au cours du XXe siècle tout entier, de nombreuses îles et bancs de sable étant littéralement dévorés pour assouvir cet appétit.

À lire aussi dans Books : Îles fantômes et terres fictives, septembre-octobre 2017.

LE LIVRE
LE LIVRE

The Age of Islands: In Search of New and Disappearing Islands de Alastair Bonnett, Atlantic Books, 2020

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