Les inégalités sont-elles morales ?
Publié le 7 juin 2019. Par La rédaction de Books.
Parasite / Copyright The Jokers / Les Bookmakers
Parasite, du réalisateur hong-kongais Bong Joon-ho met en présence deux familles, l’une, jamais nommée, vivant dans un sous-sol et regrettant de ne pouvoir accéder au wifi des voisins, l’autre, les Park, habitant une villa d’architecte et ne se privant de rien.
Les différences entre ces deux familles sont-elles injustes ? Moralement, les Park doivent-ils partager leurs biens avec la famille anonyme ? Le gouvernement doit-il assurer une certaine égalité entre les deux familles ? La famille anonyme a-t-elle raison d’en vouloir à ce point aux Park ?
Le philosophe américain T. M. Scanlon explore les arcanes morale de l’inégalité dans Why Does Inequality Matter ?. Selon lui, il n’y pas de raison objective pour que le simple fait que quelqu’un d’autre ait plus d’argent suscite du ressentiment. On ne peut s’opposer aux inégalités que s’il existe une sorte de relation ou d’interaction entre les deux parties impliquées. Envier le style de vie des stars américaines ou se sentir mal à cause de la faible espérance de vie des habitants du Malawi n’a pas de sens.
Dénoncer les inégalités ne se limite d’ailleurs pas à réclamer une distribution égale des biens. Quand nous partageons le même espace économique et social, les inégalités sont un tout. Vivre dans un monde égalitaire suppose de vivre ensemble de manière à ce que chacun puisse obtenir une égale reconnaissance ; à éviter toute domination interpersonnelle ; à prévenir l’émergence de différences stigmatisante;, à permettre à chacun d’accéder au respect de lui-même qui vient en se reconnaissant comme l’égal des autres ; à préserver les égalités de départ, ce qui peut être une condition préalable à une compétition juste dans les domaines politiques et économiques. S’en tenir à ces règles permettrait d’atténuer les inégalités existantes, conclut Scanlon.
À lire aussi dans Books : Faut-il se moquer des inégalités, mars 2016.