L’auteur de
Toba Tek Singh (Buchet-Chastel, 2008) et de
Viande froide (Bleu Autour, 2007) est incontestablement un grand écrivain. Plus de soixante ans après sa mort, Sadaat Hasan Manto reste lu, commenté, admiré et contesté, comme le montrent les témoignages de ses contemporains rassemblés dans
Manto Saheb. Né en 1912 à Ludhiana, en Inde, dans une famille musulmane, mort en 1955 à Lahore, au Pakistan, Manto a connu les affres de la Partition et publié en ourdou des nouvelles « brillantes et corrosives », selon l’hebdomadaire indien
Outlook, dans lesquelles il évoque ce traumatisme collectif.
Pas particulièrement cultivé, auteur pour Bollywood de scénarios peu marquants, Manto demeure pourtant, relève le magazine, « le seul écrivain de sa génération qui soit encore pertinent aujourd’hui ». Le recueil fait apparaître un homme alcoolique, parfois ordurier, mais qui trouvait dans sa propre marginalité la lucidité nécessaire et les mots justes. Ce que souligne le critique et poète Ali Sardar Jafri, contemporain de l’auteur : « S’il a l’insulte facile, c’est que la société n’a cessé de l’insulter, lui et des millions d’autres. » Trivial ? Il a...