Ce que les insurrections doivent à l’urbanisme
Dans The Unruly City, Mike Rapport passe en revue les crises politiques qui ont secoué les villes de Paris, Londres et New York, entre les années 1763 et 1799. Une question gouverne la réflexion de cet historien de l’université de Glasgow : pourquoi ces trois lieux ont-ils été le théâtre de protestations de grande ampleur, certaines menant à des révolutions ?
Selon l’auteur, les révoltes populaires sont des phénomènes essentiellement urbains. Leur succès repose pour beaucoup sur la façon dont la ville est structurée. Paris, Londres et New York « avaient des cafés, des tavernes, des clubs et des bibliothèques où les clients pouvaient discuter des questions politiques […] Elles avaient également des bâtiments gouvernementaux et des monuments qui offraient des cibles faciles pour les foules », analyse David A. Bell dans The Nation.
La prison de la Bastille a joué un rôle crucial dans la Révolution française parce qu’elle symbolisait les dérives du pouvoir monarchique, mais surtout parce que sa situation géographique la faisait surplomber le quartier populaire du Faubourg Saint-Antoine, où les artisans se débattaient contre la pauvreté. A New York, une large place appelée « the Common » servait de lieu de rassemblement aux insurgés. Elle revêtit une importance symbolique lorsque les révolutionnaires y plantèrent le mat d’un vieux bateau et le baptisèrent le « poteau de la liberté ». Quant à Londres, le très radical John Wilkes utilisait les « champs de St. Georges » pour rassembler ses partisans.
A lire aussi dans Books : 1789, révolution janséniste, juin 2013.