Que reste-t-il à inventer sur Thomas Edison ?

Thomas Edison a laissé des millions de pages de notes, de journaux et de rapports, fournissant une source inépuisable à ses biographes. Si bien que « depuis un siècle, à peu près tous les dix ans, paraît un nouveau livre sur Thomas Edison qui entend expliquer son génie ou le démystifier », note la journaliste Casey Cep dans The New Yorker à propos d’Edison, la dernière biographie en date de l’inventeur du phonographe et de l’ampoule électrique, signée de l’écrivain Edmund Morris.

Dans les années qui suivent sa mort en 1931, c’est l’homme qui se cache derrière le génie qui intéresse les biographes : le régime à base de lait chaud qu’il suivait à la fin de sa vie, sa quasi-surdité qui le conduisait à  mordre dans le bois de ses phonographes pour ressentir les vibrations de la musique…

Travail d’équipe

Mais à partir des années 1980, une série d’ouvrages s’intéressent au talent d’Edison pour l’autopromotion et au rôle qu’ont joué les chercheurs et ingénieurs de son laboratoire de recherche dans le dépôt de plus d’un millier de brevets à son nom. En 2007, l’historien Randall Stross le décrit même en charlatan peu doué pour les affaires sauvé par des salariés aussi ingénieux que soumis.

Edmund Morris, lui, « vénère son sujet », mais tout en montrant que l’inventivité ne s’épanouit vraiment que dans le travail d’équipe, note le journaliste Derek Thompson dans The Atlantic. « Le plaisir que l’on retire de la lecture de l’Edison d’Edmund Morris vient du fait qu’au lieu de débattre avec les biographes précédents ou de contester les termes du génie d’Edison, il se concentre sur l’effet phénoménologique de ses travaux », ajoute Cep.

Magie des inventions

Morris essaie de faire ressentir la magie que représentaient les inventions d’Edison pour les utilisateurs de l’époque. Voir cinq secondes de l’enregistrement kinétoscopique d’un homme qui éternue était alors le comble de l’étonnant.

C’est là le seul atout d’un livre « frustrant », selon Cep. Morris, lauréat d’un prix Pulitzer en 1980 pour sa biographie du président Theodore Roosevelt, adopte pour Edison un plan antéchronologique. Lee Mitgang, de l’agence Associated Press apprécie cette « entrée en matière séduisante » à travers les derniers travaux moins connus de l’inventeur autour du caoutchouc. Mais pour Cep, cela ne suffit pas à cacher que l’ouvrage n’apporte rien de neuf.

À lire aussi dans Books : Edison à la recherche de l’au-delà, mars 2015.

LE LIVRE
LE LIVRE

Edison de Edmund Morris, Random House, 2019

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