La fabrique du tueur

Cinq ans après les attentats d’Oslo et d’Utøya, pourquoi consacrer un énième livre à Anders Behring Breivik ? Issu d’une thèse de doctorat, l’essai de Mia Eriksson propose une approche inédite. Son objet n’est pas de déchiffrer « l’énigme Breivik » mais d’analyser comment se sont construits les récits le concernant. Après avoir passé en revue des dizaines d’articles et de livres sur les attentats, Eriksson affirme qu’un de leurs traits communs est de chercher des réponses dans les facteurs individuels plutôt que dans les structures de la société. « Breivik ne peut s’analyser comme un produit de sa société ou de sa religion, car cela impliquerait une remise en question des valeurs occidentales », explique le Svenska Dagbladet. Contrairement au cas des terroristes islamistes, sa dérive s’interprète donc en termes strictement personnels : « son enfance tragique, sa relation compliquée avec sa mère, sa sexualité ambivalente » apparaissent comme autant de pièces de puzzle indispensables pour créer une narration. « L’acte d’Anders Breivik, poursuit le quotidien, est représenté séparément de la société norvégienne et expliqué par le fait que le tueur n’y a pas “trouvé sa place”. »
LE LIVRE
LE LIVRE

Discours sur Breivik : la théorie des affects appliquée à la violence et au terrorisme de Mia Eriksson, Makadam, 2016

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