La gamine et le vieux
Publié dans le magazine Books n° 96, avril 2019.
Au regard de la réception de son dernier roman, l’auteure madrilène Sara Mesa s’impose comme une des nouvelles voix de la littérature espagnole. Avec Cara de pan (« Face de lune »), elle confirme son attirance, entrevue dans Cicatrice (Rivages, 2017), pour l’ambiguïté morale et les histoires dérangeantes. Les deux livres « sont construits comme des embolies émotionnelles. Sans pitié, l’auteure fait monter la pression jusqu’à l’asphyxie finale », analyse le romancier Carlos Zanón dans le quotidien El País.
Cara de pan revêt les apparences d’un conte cruel porté par deux personnages. D’un côté, Casi, une adolescente de 13 ans, complexée et ostracisée par ses pairs ; de l’autre, un quinquagénaire sans emploi, que l’on devine affligé d’un trouble psychique. Ces deux marginaux se rencontrent dans un parc un jour où Casi a séché les cours. Au fil de leurs entrevues, une curieuse intimité se tisse entre eux. Et l’intrigue se mue en une fable impitoyable sur la marginalité et le poids des conventions.