Publié dans le magazine Books n° 14, juillet-août 2010.
Faire sentir de l’intérieur le processus qui conduisit des Etats généraux à la Terreur, tel était le projet du Britannique Thomas Carlyle. Publié en 1837, son ouvrage reste « le compte rendu le plus passionnant de la Révolution jamais publié ». Et totalement ignoré en France.
L’idée de reprendre à zéro l’histoire de la Révolution française vint à Thomas Carlyle en lisant un article de son ami John Stuart Mill sur le sujet, en 1833 : « Pour moi, la véritable Histoire (l’Histoire, cette chose impossible) de la Révolution française m’apparaît souvent comme le grand Poème de notre Temps, lui écrit-il ; l’homme qui écrirait la vérité de cela vaudrait tous les écrivains et chanteurs. Si la vie m’en laissait le temps, et si j’en avais les moyens, pourquoi n’ouvrirais-je pas la voie ? »
Il envisagea d’abord un seul volume, puis se décida pour trois, titrés
La Bastille, La Constitution, La Guillotine. Ayant bouclé le premier volume en février 1835, il en confia le manuscrit à Mill qui lui avait proposé de le relire et de l’annoter. La nuit du 6 mars, Mill arriva chez Carlyle à demi hébété : le manuscrit avait été brûlé par un domestique qui l’avait pris pour de vieux papiers. Carlyle ressentit les symptômes d’un infarctus mais, dès le lendemain, fit savoir à son éditeur qu’il comptait recommencer. Il avait écrit ...