Inattendu
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Qui veut d’une langue artificielle ?


Ecriture toki pona

À l’approche de l’ultime épisode de la série télévisée Game of Thrones (diffusé ce week-end), plus de 1 million de personnes se sont inscrites à un cours en ligne pour apprendre la langue imaginaire parlée par son héroïne.

 

L’engouement pour le haut valyrien, qui n’est qu’une des langues fictives de la série, durera-t-il aussi longtemps que celui pour le klingon, idiome extraterrestre crée pour la série Star Trek en 1985 ? Hamlet a été traduit en klingon, une pièce de théâtre a été jouée intégralement dans cette langue au Pays-Bas en 2010 et il est possible de l’utiliser pour effectuer des recherches sur Google.

 

Les langues créées de toutes pièces n’ont pas autant de succès en général. Dans In the Land of Invented Languages, la linguiste Arika Okrent recense pas moins de cinq-cents langues construites pour pallier les défauts des langues dites naturelles. L’espéranto était censé favoriser la communication entre les peuples ; le láadan devait permettre d’exprimer les perceptions féminines ; le toki pona (« langue bonne ») est né en 2001 du souhait de la linguiste Sonja Lang de trouver la langue la plus simple possible (il ne comporte que 125 mots) ; le loglan, construit comme un langage informatique, doit par sa logique intrinsèque aider ses utilisateurs à penser plus clairement.

Si aucune de ces langues n’est devenue un moyen de communication international, plusieurs d’entre elles restent pratiquées dans de petits cercles, observe Okrent. Le bliss, sorte d’espéranto idéographique développé dans les années 1940, est à présent utilisé pour faciliter la communication des personnes affectées de troubles moteurs.

 

Surtout, insiste Okrent, l’étude de ces langues permet de mieux apprécier les qualités des langues naturelles. Leurs défauts apparents, par exemple la place qu’elles laissent à l’interprétation, leur trop grande rigidité, l’arbitraire des conventions sur lesquelles elles reposent, en sont en fait des caractéristiques essentielles. C’est cela qui en fait des outils suffisamment souples pour communiquer et penser dans une grande variété de situations.

 

À lire aussi dans Books : Deux idées reçues sur les langues, mai 2011.

 

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LE LIVRE
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In the Land of Invented Languages: Adventures in Linguistic Creativity, Madness, and Genius de Arika Okrent, Spiegel & Grau, 2010

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