L’art contemporain ? Un business comme un autre
En 2013, la célèbre création du plasticien Jeff Koons, Balloon Dog, a été vendue 58 millions de dollars. Une sérigraphie d’Andy Warhol, reproduisant un poster d’Elvis, a été acquise pour 81,9 millions de dollars. Selon Don Thompson, un économiste rattaché à l’Université de York à Toronto, les acheteurs ne sont absolument pas des esthètes amateurs d’art, il s’agit pour eux d’une opération commerciale. Ces œuvres seront stockées jusqu’à ce que leur cote augmente et qu’elles soient revendues.
Avec The Orange Balloon Dog, Thompson plonge son lecteur dans le fonctionnement opaque du marché de l’art contemporain. « C’est vraiment un livre qui parle d’argent : qui le détient, où il est dépensé et comment il est caché », synthétise Violet Hudson dans The Spectator. Selon l’auteur, une certaine « asymétrie de l’information » permet aux marchands d’art de convaincre des milliardaires néophytes d’acheter des œuvres à un prix largement surévalué, créant ainsi des bulles spéculatives. « Le monde de l’art contemporain n’a aucun concept de délit d’initié », écrit-il.
Thompson expose comment les œuvres d’art, acquises à prix d’or, transitent d’un Etat à un autre sans être taxées. Elles sont remisées dans des « free ports », de vastes entrepôts de Genève ou de Pékin, qui ne sont officiellement rattachés à aucune juridiction. L’auteur analyse également les imbrications douteuses du secteur public et du privé : la cote des créations de Jeff Koons a grimpée en flèche suite à une rétrospective organisée au Whitney Museum de New York. Une exposition financée en partie par Larry Gagosian, un marchand d’art propriétaire des œuvres de Koons…
A lire aussi dans Books : « Un dérangeant devenu politiquement correct », septembre 2013.