Le féminisme malade de ses filles

Jusqu’à l’obtention du droit de vote par les Américaines en 1919, le mouvement féministe s’est caractérisé par une alliance sans faille entre les mères et leurs filles, auxquelles elles passaient le flambeau. Depuis, il se caractérise par un sempiternel conflit de générations.

Difficile, pour qui s’est un tant soit peu impliqué dans la politique et la pensée féministes, d’ignorer une caractéristique chronique du mouvement des femmes aux États-Unis : souvent, et en dépit de ses nombreuses victoires, il semble buter sur une ligne de partage « mère-fille ». Une rupture générationnelle sous-tend la plupart des pathologies qui touchent depuis longtemps le féminisme américain – mobilisations éphémères suivies de longues périodes d’hibernation ; âpres querelles sur la sexualité ; répudiation réfléchie de ses incarnations antérieures, de ses fondatrices et même de son nom. Aujourd’hui, le mouvement des femmes semble condamné à combattre sur deux fronts : la guerre des sexes et celle des âges (1). Combien de fois a-t-on entendu : « Jamais une femme plus âgée que moi ne m’a aidée dans ma carrière – mes mentors ont toujours été des hommes » ? Combien d’enquêtes ont montré que les jeunes femmes ne veulent pas d’une patronne, ou s’en méfient ? Combien de fois, au cours de la dernière élection présidentielle, a-t-on entendu cette génération exprimer son rejet d’Hillary Clinton « ...
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Je ne suis pas la sœur de ma mère. Conflit générationnel et féminisme de la troisième vague de Le féminisme malade de ses filles, Indiana University Press

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