Le Giec, cet animal politique
Publié le 7 octobre 2015. Par La rédaction de Books.
L’économiste sud-coréen Hoesung Lee, nouveau président du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, entend « améliorer la neutralité et la pertinence » du travail du groupe en « incorporant des contributions du monde des affaires, de l’industrie et de la finance ». Si le Giec publie régulièrement un rapport cosigné par des experts, l’organisation et son action sont, pour certains, plus politiques que scientifiques.
La journaliste canadienne Donna Laframboise souligne dans « L’ado délinquant qu’on avait pris pour le meilleur expert mondial du climat » que le casting est loin d’être irréprochable. Certains participants de premier plan ne sont pas spécialistes du domaine qu’on leur demande d’étudier. Ces experts ne s’appuient pas uniquement sur le meilleur des études disponibles, et même pas exclusivement sur des travaux revus par des pairs. Ils incluent de nouvelles informations jusqu’à la dernière minute, quitte à ne pas avoir le temps de les discuter.
Le philosophe John Broome, qui a participé à l’un des groupes de travail du Giec, explique pour sa part que la version du texte livrée au grand public est le fruit d’un processus à proprement parler politique. Avant d’être diffusé, le « Résumé à l’intention des décideurs » (30 pages qui condensent les 2000 pages du rapport original) est revu phrase par phrase, lors d’une session d’approbation de cinq jours, où sont présents les auteurs du rapport, mais aussi les délégués des gouvernements. Chaque mot doit faire consensus et les scientifiques sont rarement les derniers à parler. « Du fait de son processus d’élaboration, ce document doit être considéré comme un texte en partie politique, écrit John Broome. Il ne contient rien qui n’ait été approuvé par les auteurs, mais on l’a empêché de présenter un panorama complet comme nous le voyons. Les informations effacées sont nécessaires pour une bonne politique climatique. »
