Le laboratoire russe

La population du pays diminue depuis 1992. De 150 millions en 1993, elle devrait passer à 126 millions en 2050, peut-être 111 en 2100. La Russie sera alors moins peuplée que l’Éthiopie. La raison ? L’effondrement de la fécondité, certes, mais aussi la faiblesse tenace de l’espérance de vie, qui place le pays au niveau de l’Inde ou du Bangladesh. Comment en est-on arrivé là ?

Serrés les uns contre les autres, quelques petits vieux avancent péniblement, de la neige jusqu’aux chevilles, poussant un wagon en bois le long d’une voie ferrée que l’on discerne à peine. Les femmes sont emmitouflées dans des fichus, les hommes portent des chapeaux de fourrure et des gants épais. Ce sont les derniers habitants de la colonie de travailleurs numéro 3, et les sujets du remarquable documentaire réalisé par Sergueï Dvortsevoy en 1998, Le Jour du pain ; le wagon contient la livraison hebdomadaire qui leur permet de survivre. Le village proprement dit se résume à quelques cabanes ou baraques de bois, séparées par de petits potagers : bien des bâtiments se sont écroulés ; d’autres sont envahis par les chèvres et les chiens errants. On pourrait penser que le village se trouve au fin fond de la Russie – à, disons, plusieurs jours de voyage à travers la taïga sibérienne. Mais il n’est qu’à 80 kilomè...

LE LIVRE
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La modernisation démographique de la Russie de Le laboratoire russe, Novoe Izdateltsvo

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