Le pouvoir fondateur des femmes
Publié le 17 novembre 2017. Par La rédaction de Books.
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Le point de départ du film Le Semeur, adaptation de L’Homme semence de Violette Ailhaud, est un classique : un village se trouve par la force des choses uniquement peuplé de femmes. Que feront-elles quand un homme y fera son apparition ? La simple éventualité d’une société matriarcale fascine. Elle captivait tellement le juriste et historien suisse Johann Jakob Bachofen qu’il lui a consacré plus de 1300 pages dans lesquelles il affirme que le pouvoir féminin a été un stade intermédiaire du développement de l’humanité. Dans Le Droit maternel, publié en 1861, il prétend que le patriarcat n’a triomphé que relativement tard dans l’histoire de l’humanité, avec le pater familias romain.
« C’est à la femme que l’on doit la première élévation du genre humain, le premier pas vers les mœurs, vers une existence réglée, écrit-il. C’est à elle que l’on doit surtout la première éducation religieuse, mais aussi la jouissance de tout bien suprême. (…) La civilisation qui succède à la barbarie primitive est tout entière son œuvre. La vie, et tout ce à quoi sa joie donne forme, sont un don de la femme. »
Bachofen fonde toute son argumentation sur une vaste étude des mythes de l’Antiquité et des fables tirées de l’ethnographie contemporaine sur tous les continents. Et c’est bien le problème de sa thèse, il confond histoire et légende. L’essentiel de son propos est faux. L’organisation familiale des sociétés remonte au paléolithique, l’humanité n’avance pas par phases… Reste une découverte : la domination de l’homme sur la famille ne va pas de soi.
A lire dans Books : Le déclin des mâles ? Vraiment ?, avril 2013.