Le premier matin du monde

Pendant qu’ils marchent côte à côte, il lui répète les mots qu’il cherche à lui apprendre depuis la veille – des mots grecs qui disent dans cette langue lumière, soleil, ciel, mer : phos, hélios, ouranos, thalassa. Il les prononce lentement, comme s’il récitait un poème, en espérant lui faire partager un peu de ce qu’il ressent à les écouter, et que ni le français ni aucune autre langue ne lui offrent.

À nouveau réunis, ils marchent dans le parc Monceau, par un doux après-midi d’avril. Des feuilles nouvelles ont poussé ; après un rude hiver, les gens sont venus profiter des premiers rayons de soleil ; et le ciel a pris soudain une couleur de convalescence et d’espérance. Pendant qu’ils marchent côte à côte, il lui répète les mots qu’il cherche à lui apprendre depuis la veille – des mots grecs qui disent dans cette langue lumière, soleil, ciel, mer : phos, hélios, ouranos, thalassa. Il les prononce lentement, comme s’il récitait un poème, en espérant lui faire partager un peu de ce qu’il ressent à les écouter : un peu de leur éclat, de leur flamme, de leur fraîcheur, ou de leur goût de mer ; quelque chose du souffle secret qu’il entend dans leurs sonorités, et que ni le français ni aucune autre langue ne lui offrent. Sans doute, s’il ne parvient pas à dire en français ce qu’il éprouve, ce n’est pas seulement parce qu’il ne maîtrise pas encore assez cette ...
LE LIVRE
LE LIVRE

Double exil de Le premier matin du monde, Verdier

SUR LE MÊME THÈME

Extraits - Roman « Quel est ton nom secret ? »
Extraits - Roman Que Dieu vous pardonne
Extraits - Roman Il n’y a pas de quoi avoir peur

Dans le magazine
BOOKS n°123

DOSSIER

Faut-il restituer l'art africain ?

Chemin de traverse

13 faits & idées à glaner dans ce numéro

Edito

Une idée iconoclaste

par Olivier Postel-Vinay

Bestsellers

L’homme qui faisait chanter les cellules

par Ekaterina Dvinina

Voir le sommaire