Le rêve américain a un goût de café (yéménite)
Dans The Monk of Mokha, l’écrivain Dave Eggers retrace l’épopée d’un jeune portier de San Francisco, d’origine yéménite, qui s’est soudainement mis en tête de devenir importateur de café. Comme beaucoup d’immigrés de la deuxième génération, Mokhtar Alkhanshali occupait un emploi peu gratifiant et mal rémunéré, lorsqu’il apprit que le café était originaire du Yémen. Le café yéménite avait ensuite perdu de son prestige – souvent considéré comme imbuvable, le pays n’en produisait plus.
« Ce livre n’est pas vraiment sur le café : il s’agit explicitement du rêve américain ; et implicitement, de la menace qui plane sur lui », commente Nicholas Lezard dans The Spectator. Mokhtar, bien décidé à « devenir quelqu’un », s’embarqua un beau jour pour la province d’Ibb, au Yémen. Il réussit à convaincre les locaux de troquer leur culture du khat pour celle du caféier, puis il leva des fonds pour lancer le processus de torréfaction des graines de café. Et tout cela, alors que le Yémen était en pleine guerre civile et subissait les attentats terroristes de l’Etat islamique.
Une fois le café moulu, Mokhtar dut le ramener aux Etats-Unis, et ce ne fut pas une mince affaire puisqu’aucune route commerciale ne préexistait. Selon l’auteur, le café présente « possiblement le trajet le plus complexe de la culture à la consommation de toutes les denrées alimentaires connues de l’humanité ». Le café de Mokhtar semble avoir réussi à se frayer un chemin jusqu’en Amérique, puisqu’il y est maintenant vendu sous le nom de « Port of Mokha ».
A lire aussi dans Books : L’islam est-il soluble dans le café ?, novembre 2011.