Dans l’enfer d’un camp chinois

C’est un document inestimable que viennent de traduire en anglais les éditions de la New York Review of Books : les Mémoires d’un célèbre spécialiste chinois de l’Inde, Ji Xianlin, dont la censure a toléré, en 1992, qu’il publie son témoignage sur la Révolution culturelle (Ji avait déjà plus de 80 ans à l’époque ; il est mort en 2007, à 97 ans). Après avoir dans un premier temps suivi le mouvement, celui qui était en 1966 professeur à l’université de Pékin est arrêté. Il est enfermé dans l’une de ces « étables », comme étaient désignés à l’époque les camps de prisonniers improvisés dans les villes chinoises. Le sien était situé au beau milieu du campus. Ji y a enduré durant neuf mois un calvaire inimaginable. Privation de nourriture, humiliations et torture contribuent à la déshumanisation des détenus. Un jour, incapable de tenir debout, l’universitaire est autorisé à ramper jusqu’à un dispensaire qu’il lui faut deux heures pour atteindre – avant de s’entendre dire qu’il ne sera pas soigné. « De tous les Mémoires [sur le sujet], je n’en vois aucun qui offre un témoignage aussi terriblement cru et précis sur la maltraitance physique et mentale qu’a eu à subir l’ensemble d’une communauté intellectuelle emprisonnée », souligne la journaliste et essayiste Zha Jianying sur le site de la New York Review of Books.
LE LIVRE
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L’étable : souvenirs de la Révolution culturelle chinoise de Ji Xianlin, New York Review of Books, 2016

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