L’énigme « Pew »

Entrant dans l’église pour la messe dominicale, une famille américaine - Hida, Steven et leurs trois enfants -, découvre que quelqu’un dort sur un banc. Impossible de dire si cette personne est un jeune adolescent ou un adulte, si c’est un garçon ou une fille ou même si elle est blanche ou noire. L’intéressé(e) refuse de parler. Le révérend décide, en attendant de connaître son nom, de l’appeler pew, « banc », puisque c’est là qu’il/elle a été découvert. Hida et Steven l’accueillent sous leur toit. Et toute la ville se montre gentille et patiente avec Pew, du moins au début.

Pew, le quatrième roman de l’américaine Catherine Lacey, explore « les idées préconçues, l’aveuglement moral et la culpabilité », note Stuart Kelly, le critique littéraire du quotidien écossais The Scotsman.   

Si Pew reste un mystère pour les lecteurs et pour ses bons samaritains, ces derniers se dévoilent peu à peu. Profitant de l’oreille attentive de cet interlocuteur muet, ils laissent entrapercevoir un monde insulaire et inquiétant. « Nous savons que nous n’avons pas été justes avec tout le monde », avoue un ancien, « mais nous avons toujours été justes en fonction de la définition de la justice de l’époque ». « On imagine tout à fait ce roman devenir un film noir indépendant réalisé par les frères Coen ou David Lynch. Mais il a aussi quelque chose du Revizor, de Gogol, pièce dans laquelle un étranger exorcise involontairement tous les démons d’une petite bourgade arriérée de la Russie tsariste », assure la critique Johanna Thomas-Corr dans l'hebdomadaire britannique New Statesman.

À lire aussi dans Books : La charité réinventée, juin 2016.

LE LIVRE
LE LIVRE

Pew de Catherine Lacey, Granta, 2020

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