La charité réinventée

Quand le moine Pélage exhorte les riches à renoncer à leurs biens, Augustin se fâche. Qu’adviendrait-il du don chrétien, nécessaire à la survie des pauvres et de l’Église ? Pour remettre l’Église dans le droit chemin, le saint a une idée de génie : associer aumône et expiation des péchés.

 


Saint Augustin par Philippe de Champaigne, Los Angeles County Museum of Art
L’Afrique romaine était l’une des dernières régions de l’Occident romain à être restée aussi fidèle à ses traditions civiques. C’était particulièrement vrai de lieux qu’Augustin connaissait bien : Carthage et les cités de la vallée de la Medjerda qu’il traversait régulièrement quand il se rendait d’Hippone aux réunions presque annuelles de l’Église d’Afrique à Carthage. Durant tout le IVe siècle, on continua d’y restaurer des bâtiments, d’y réparer des théâtres et d’y organiser des jeux du cirque. Cet été indien des cités africaines, qui vivait ses ultimes heures, continuait d’être bercé par les dernières lueurs d’une idéologie ancienne qui restait à la source de toutes les dépenses civiques. Les historiens modernes ont appelé cette idéologie l’« évergétisme ». Celui-ci reposait sur un ensemble d’idées et de pratiques qui marquèrent profondément les esprits et inspirèrent la conduite des élites de la Méditerranée gréco-romaine pendant plus mille ans. Il ne perdit son emprise sur les consciences que durant l’Antiquité tardive. Cet idéal évergétique ...
LE LIVRE
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Le Prix du salut : les chrétiens, l’argent et l’au-delà en Occident (IIIe-VIIe siècle) de Peter Brown, Belin, 2016

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