L’envoûtante Madame Tchang Kaï-chek
Publié dans le magazine Books n° 12, mars-avril 2010.
Il est des personnages si fascinants qu’ils rendent excusables les défauts des livres qui en parlent. Madame Tchang Kaï-chek, l’épouse du leader de la Chine nationaliste, est de ceux-là. La biographie que lui consacre Hannah Pakula a fait l’objet de nombreux commentaires dans la presse anglo-saxonne : tous ou presque épinglent une construction maladroite et certaines erreurs factuelles, mais la plupart des critiques avouent avoir été absorbés par le récit de ce destin hors norme. « Madame » est née Song May-ling. Son père, émigré aux États-Unis à l’adolescence, avait fait fortune à son retour dans le commerce de bibles. M. Song apprit à ses enfants « à apprécier presque tout ce qui était occidental, y compris les matelas (moelleux), la cuisine (américaine) et la religion (méthodiste) », relate Dwight Garner dans le New York Times. Les trois filles Song partirent étudier aux États-Unis, et toutes firent de beaux mariages : l’une avec Sun Yat-sen, le premier président de la République chinoise, une autre avec un riche banquier et la cadette, May-ling,...