Les deux voies de la sagesse
Publié dans le magazine Books n° 110, septembre 2020. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Fin du confinement, fin des lectures sans fin ou de livres infiniment longs. Mauvaise nouvelle pour les philosophes, en tout cas les philosophes à « système », c’est-à-dire ceux qui proposent une explication exhaustive et rigoureusement argumentée de notre monde et de ce que nous y faisons. Kant est sans doute le recordman du genre avec ses trois Critique 1, 2 000 pages bien tassées. Mais sans système, pas de philosophie, n’est-ce pas ? Pour autant, pas de panique : on peut aussi dénicher, entre deux pavés, des textes ultrabrefs, à commencer par ceux des pionniers de la spéculation philosophique, les penseurs présocratiques Héraclite, Anaximandre, Xénophane et Parménide.
Les Grecs virtuoses ne détiennent pourtant pas le monopole de la concision de la pensée ; bien d’autres auteurs, parmi lesquels Pascal, Goethe, Lichtenberg et Nietzsche, savent manier l’aphorisme, l’apophtegme (semblable à l’aphorisme mais plus noble car plus compréhensible, plus moralisant et proféré par un sage reconnu),...