Les vieux contre la démocratie

Le vieillissement de la population a eu une conséquence que les théoriciens de la démocratie n’avaient pas envisagée : la mise en place d’une gérontocratie qui met en péril la survie même du régime représentatif.


Pour Emmanuel Todd, « une société qui concentre tous ses efforts sur l’entretien d’une foule de plus en plus grande de gens âgés est amenée à disparaître ». © Vincent Muller / Opale

Je me souviens d’un mot de Marcel Gauchet, lors d’une conversation, que j’avais trouvé admirable. Il disait en substance que, dans le monde ordinaire, la retraite était devenue un moment jusque-là inconnu où tout homme du peuple peut être un aristocrate, jouir lui aussi de l’otium réservé jadis aux élites. Il y a en effet des retraités qui pêchent, d’autres qui se passionnent pour les puzzles ou les maquettes d’avion, d’autres qui voyagent, d’autres aussi, bien sûr, qui s’occupent de leurs petits-enfants. Ce moment de vieillesse heureuse et privilégiée pour une masse inédite d’individus constitue un sommet de l’évolution humaine. Il a eu toutefois des conséquences négatives imprévues. L’une d’elles – et non des moindres – est la crise de la démocratie représentative que nous vivons actuellement.

Il y a dans la théorie politique classique un gigantesque non-dit. Des millions de pages ont été écrites sur ce que sont les procédures de représentation et sur ...

LE LIVRE
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L’Illusion économique. Essai sur la stagnation des sociétés développées de Emmanuel Todd, Gallimard, 1999

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