Inattendu
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Les vrais secrets du match gagnant

Gagner au football, c’est simple. Il suffit de privilégier la défense à l’attaque, de jouer à domicile, ou… d’être le PSG. Le club parisien vient d’écraser la Ligue 1 en remportant la compétition huit journées avant la fin. Pour le PSG, donc, pas de contestation possible. Mais les autres martingales de la victoire sont dignes d’un débat d’après-match, surtout si l’économie comportementale s’en mêle, avec Tobias Moskowitz et Jon Wertheim.

Dans Scorecasting, le professeur d’économie et le journaliste sportif conviennent que l’équipe qui joue à domicile dispose bel et bien d’un avantage. Le ratio est en moyenne de 60/40 en défaveur des visiteurs, et monte même à 67/33 pour les clubs italiens de Série A. Comment expliquer cet avantage (qui n’a pas perturbé le PSG accueilli par Troyes dimanche soir) ?  Contrairement à ce qu’affirme la sagesse populaire, les joueurs ne sont pas plus forts parce qu’ils n’ont pas subi les désagréments d’un voyage, qu’ils connaissent parfaitement le stade ou qu’ils sont portés par les supporters, assurent Moskowitz et Wertheim. Tout se passe, en fait, dans la tête de l’arbitre, victime d’une tendance toute naturelle à « se laisser excessivement influencer par les avis extérieurs » ; en l’occurrence le public. « Quand, il y a quelques années, vingt et un matchs du championnat de football italien se sont déroulés à huis-clos après de violents débordements, le biais en faveur de l’équipe hôte a diminué de 23 % sur les fautes sifflées, de 26 % sur les cartons jaunes et – fait remarquable – de 70 % sur les cartons rouges », précise The Economist.

Si jouer à domicile donne donc bien un avantage, privilégier la défense n’est pas une tactique éprouvée, montrent en revanche Moskowitz et Wertheim. Bien sûr, le PSG a fait de la possession du ballon le cœur de sa stratégie. Mais penser qu’attaquer peut être contre-productif relève du biais cognitif. C’est ce que les théoriciens appellent l’« aversion de la perte » : une « tendance des individus à préférer éviter une perte plutôt que de réaliser un gain d’importance identique ».

Et non, l’hégémonie du PSG irrigué par l’argent qatari ne va pas tuer tout l’intérêt du football, si l’on en croit l’économiste Stefan Szymanski et le journaliste sportif Simon Kuper, auteurs de Why England Lose. En étudiant la fréquentation des stades, ils ont découvert que les spectateurs préfèrent les matchs inégaux, du type David contre Goliath.

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Prévoir le score de Tobias Moskowitz et Jon Wertheim, Crown, 2011

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