L’islam à l’épreuve du Coran

Mahomet serait surpris d’apprendre que les trois principales communautés musulmanes ne sont pas arabes et vivent bien loin de l’Arabie : en Indonésie, au Pakistan et en Inde. Certains Français seraient peut-être surpris d’apprendre qu’il y a, d’après une enquête récente, un milliard cinq cent soixante-dix millions de musulmans dans le monde, soit plus de vingt-quatre fois la population française. Ce qui unit cet océan humain, c’est d’abord la référence à un livre, le Coran, révélé au mystérieux Mahomet à un moment obscur de l’histoire de la péninsule Arabique, au début du VIIe siècle de l’ère dite chrétienne. Ce qui divise cette communauté, c’est d’abord la diversité des interprétations possibles du Coran ou, plus profondément, des enseignements à en tirer. Le rapport au Coran n’est pas le même en Arabie Saoudite et en Indonésie, en Afrique noire et en Chine, chez les sunnites, les chiites ou encore les soufis. Depuis les premiers siècles suivant la mort de Mahomet, des intellectuels musulmans ont mis en garde contre le risque de céder à la tentation d’une interprétation littérale du texte sacré. En termes modernes, on dira qu’ils ont mis en garde contre les risques du fondamentalisme. Comme on le voit chez les fondamentalistes chrétiens, le risque est celui d’une fermeture de l’esprit, qui conduit s’arc-bouter sur la mythologie d’un texte très ancien, historiquement daté, pour finalement refuser de vivre avec son temps, voire s’opposer à son temps, par la violence s’il le faut. Les intellectuels musulmans qui s’inscrivent dans cette tradition appellent aujourd’hui, plus que jamais, à relativiser l’enseignement du Coran en acceptant de tenir compte de sa réalité historique.

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