L’ordinateur est né de la bombe H

Contrairement à une idée reçue, l’ordinateur n’est pas le produit de la recherche civile. Il a été conçu au cœur de la guerre froide par un mathématicien violemment anticommuniste, qui a oublié de remercier ses précurseurs et mis son génie au service de l’arme de dissuasion absolue. L’univers numérique a été conçu dans le péché.

L’univers numérique a vu le jour, physiquement parlant, fin 1950 à Princeton, dans le New Jersey, au bout de Olden Lane. C’est en effet à cet endroit et à cette date qu’a commencé de ronronner le tout premier ordinateur véritable – c’est-à-dire un appareil de calcul digital multi-usage, de grande puissance, à programme intégré. Les circuits de l’engin avaient été assemblés à partir de matériel militaire de récupération, dans un bâtiment de ciment à un étage que l’IAS (Institut de recherches avancées) avait bâti à cet effet. La nouvelle machine avait été baptisée MANIAC, l’acronyme de « Mathematical & Numerical Integrator & Computer » (« Calculateur et intégrateur mathématique et numérique »). Et à quoi devait donc servir MANIAC ? Son premier travail fut d’effectuer les calculs nécessaires à la fabrication du prototype de la bombe H. Mission accomplie : l’exactitude de ses résultats a permis la réalisation d’« Ivy Mike », secrètement testée au matin du 1er novembre 1952 sur une île du Pacifique sud, Elugelab, intégralement pulvérisée en même temps que quatre-vingts millions de tonnes de corail. L’un des avions de l’US ...
LE LIVRE
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La cathédrale de Turing de George Dyson, Pantheon Books, 2012

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