Lu d'ailleurs
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Manuel Vilas, de l’ombre à la lumière

L’Aragonais Manuel Vilas menait une vie d’écrivain plutôt confidentiel jusqu’en 2018 lorsque, de façon aussi soudaine qu’inattendue, il fut propulsé sur le devant de la scène grâce à son roman Ordesa (Éditions du sous-sol, 2019). Best-seller en Espagne, le livre a été traduit en quatorze langues et récompensé d’un cortège de prix, dont le prix Femina étranger 2019. Vilas y fait le récit de son enfance sous le franquisme et esquisse le portrait de ses parents récemment décédés, dont il a bien du mal à faire le deuil. Le romancier poursuit son projet autobiographique avec Alegría, où il est cette fois-ci question de sa relation avec ses enfants et des bouleversements induits par le succès de son précédent livre.

L’écrivain dans la lumière

« Je dirais qu’il s’agit moins de la suite d’Ordesa que de la maturation d’une voix déjà puissante » commente le professeur de littérature espagnole Jordi Gracia dans Babelia, le supplément culturel d’El País. Le narrateur d’Alegría– l’avatar fictionnel de Vilas – est un écrivain cinquantenaire qui passe son temps dans les hôtels et les aéroports des quatre coins de la planète pour faire la promotion de son dernier livre. Si dans Ordesa, le protagoniste luttait contre la dépression et l’alcoolisme, c’est un Manuel Vilas plus apaisé, réconcilié avec son histoire familiale, que l’on découvre dans ce second volet.« Le roman s’apparente à une symphonie parce que tous les personnages portent des noms de compositeurs », pointe le journaliste Xavi Ayén dans le quotidien La VanguardiaVilas se trouve effectivement en bonne compagnie : Wagner, Bach, Vivaldi et Brahms – respectivement sa mère, son père et ses deux fils.

La part d’ombre de l’époque

Si Alegría est bien plus solaire qu’Ordesa, Vilas n’a pas pour autant triomphé de ses démons. Le spectre de la dépression – que le narrateur appelle Arnold Schönberg, du nom du père de la musique atonale – plane toujours. « En 2019, le combat de tout être humain est un combat contre la mélancolie », affirme l’auteur dans une interview accordée au quotidien El PaísUn combat dont le romancier sort vainqueur, estime Jordi Gracia dans Babelia: son livre est un « hymne en prose qui ensorcelle par sa poésie, sa pureté et sa candeur profonde ».

À lire aussi dans Books : Le grand roman de la crise espagnole, juin 2013.

LE LIVRE
LE LIVRE

Alegría de Manuel Vilas, Editorial Planeta, 2019

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