Le ménage à trois de la culture européenne
Publié le 10 octobre 2019. Par Amandine Meunier.
L’historien britannique Orlando Figes raconte l’essor d’une culture européenne transnationale au XIXe siècle à travers la biographie entrelacée de trois personnages : la cantatrice et compositrice d’origine espagnole Pauline Viardot, son mari et imprésario Louis Viardot et l’écrivain russe Ivan Tourgueniev. En 1843, Pauline donne un concert à Saint-Pétersbourg et Tourgueniev en tombe amoureux. Il passera le restant de ses jours avec la soprano et son mari, vivant sous le même toit ou à proximité à Paris, à Baden-Baden, à Londres…
Les artistes font des affaires
Au gré des déplacements du trio à travers l’Europe, Figes évoque les débuts de la législation sur le droit d’auteur, le développement des théâtres, le piratage des livres, les origines du roman-feuilleton, la naissance des guides de voyage, qui accompagnent le développement d’une Europe de la culture dans laquelle les livres sont vite traduits, des tableaux achetés en Italie sont vendus à Londres, les mêmes opéras sont montés dans une douzaine de pays, et les artistes font des affaires.
L’Europe de la culture
Figes souligne le rôle du nouveau moyen de transport qu’est le chemin de fer dans cette entreprise d’unification des cultures européennes. « Il estime que le train a redessiné la carte culturelle de l’Europe mais il serait plus exact de dire que la construction des voies ferrées a suivi la carte des centres de la culture européenne. Du reste, comme il en convient, Haydn, Rossini et Mozart n’ont pas eu besoin du train pour que leur renommée dépasse les frontières », remarque l’historien Donald Sassoon dans l’hebdomadaire New Statestman.
Quant aux choix des Viardot et de Tourgueniev « pour illustrer une culture européenne cosmopolite », Sassoon est dubitatif. « Pourquoi ne pas s’être intéressé à Liszt (qui se produisait partout) ou à George Sand, qu’il mentionne d’ailleurs dans son livre ? Ou à Zola, qui faisait des émules dans toute l’Europe ? » « Figes ne donne pas d’explication ».
À lire aussi dans Books : Aux sources de l’esprit européen, avril 2009.