Mon nom est Vavilova, Elena Vavilova

Comme des millions de téléspectateurs à travers le monde, Andreï Bezroukov et Elena Vavilova ont regardé les six saisons de la série The Americans (2013) qui raconte l’histoire incroyable de ce couple d’agents dormants du KGB qui, sous de fausses identités, se sont fait passer pendant près de 30 ans pour une famille américaine sans histoires. Mais, plus que quiconque, les deux Russes ne pouvaient pas rater ça car les deux taupes soviétiques qui ont inspiré cette série haletante, c’était bien eux. Leur verdict n’a pas tardé : « Exception faite des meurtres, des déguisements et du sexe, la série illustre bien la complexité de notre travail ».

De la réalité à la série

Aujourd’hui, presque 10 ans après leur expulsion des Etats-Unis (démasqués par le FBI ils ont été échangés dans la plus belle tradition de la Guerre froide en 2010), Elena Vavilova, la plus discrète de ce couple devenu célèbre en Russie, commet un curieux roman à clef, « La femme qui savait garder des secrets », que la presse de Moscou n’a pas tardé à proclamer être la « vraie histoire de The Americans ». On y apprend notamment comment le KGB a déniché puis patiemment formé, quasiment depuis leur adolescence, ce vrai couple d’agents très spéciaux, des nélégaly (« illégaux ») dans la terminologie russe, avant de les envoyer au plus profond des Etats-Unis pour parfaire leur « légende ». Ils devaient être de « parfaits petits Américains » au point que même leurs enfants, nés outre-Atlantique, ne devaient pas connaître leur véritable identité et encore moins leur mission.

Roman à clef

Pourquoi ne pas avoir écrit ses Mémoires, comme tout le monde dans le renseignement ? Dans une interview au journal Kommersant, Elena Vavilova donne une explication inattendue à cette « fiction » : « Les Américains ont stipulé lors de notre libération que nous devrions leur reverser l’intégralité de nos droits d’auteur si nous venons à publier notre histoire ».

LE LIVRE
LE LIVRE

« Une femme qui sait garder des secrets» de Elena Vavilova, Eksmo, 2019

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