La parole aux femmes

Quel est le point commun entre Harvey Weinstein et Télémaque ? Mary Beard part de l’Antiquité pour expliquer la dévalorisation de la parole féminine.

L’été dernier, un ­député français s’est mis à ­bêler quand l’une de ses collègues a pris la parole dans l’Hémicycle. En 2003, un élu apparenté UMP avait été sanctionné pour avoir caqueté dans les mêmes circonstances. Au Ier siècle, déjà, le moraliste romain Valère Maxime se ­moquait, dans ses Faits et dits mémorables, des « aboiements » de Caïa Afrania, qui défendait elle-même sa cause face aux magis­trats. Dans les Métamorphoses d’Ovide, Io est transformée en génisse par Jupiter et ne peut plus que beugler. L’animalisation du discours des femmes, dire qu’elles piaillent, jasent, jacassent, couinent, ­pépient, est une stratégie ­parmi d’autres pour les écarter de la sphère publique. « Quand il s’agit de faire taire les femmes, la culture occidentale a des milliers d’années de pratique », écrit l’historienne Mary Beard, spécialiste respectée de la Rome antique et figure du mouvement féministe outre-Manche. Son nouveau livre, Women and Power, rassemble deux de ses conférences consacrées au ­silence public des femmes. « Nous avons é...
LE LIVRE
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Women and Power de Mary Beard, Profile Books, 2017

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