Mein Kampf : qui l’a lu ?

Un mythe propagé pour de mauvaises raisons après 1945 veut que les Allemands aient peu lu Mein Kampf. C’est faux, comme en témoignent les chiffres de vente, les emprunts en bibliothèque et les nombreux échos dans la presse et la littérature.


En 1925, celui qui voulait savoir à quoi s'en tenir sur Hitler était bien informé en lisant Mein Kampf. Pourtant, ses adversaires ne comprirent que bien trop tard l'effet explosif de ses idées politiques.

Mein Kampf joua pour la dernière fois un rôle politique et juridique important lors du procès de Nuremberg, en 1945-1946. Des passages choisis furent produits comme preuves : il y avait eu chez les accusés « une connaissance préalable suffisante des objectifs illégaux du commandement nazi », avança le substitut du procureur britannique Elwyn Jones le 8 janvier 1946. Mais même de fervents soutiens du régime comme Julius Streicher, le directeur du journal antisémite à scandale Der Stürmer, prétendaient n’avoir lu que des passages du livre. Idem pour Albert Speer, qui retourna l’argument contre ses accusateurs. Lorsque le substitut du procureur russe M. Y. Raginsky lui fit grief de ce que les projets belliqueux d’Hitler, « particulièrement en ce qui concerne l’Union soviétique », avaient été « exposés de façon très claire » dans Mein Kampf, il lui répondit : « Vos diplomates ont eux aussi nécessairement lu Mein Kampf et vous avez malgré tout conclu le pacte de non-agression » – ce à quoi Raginsky répliqua : « Ce n’est pas le moment d’essayer de savoir qui a lu le livre et ...
LE LIVRE
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Mein Kampf. Une édition critique de Adolf Hitler, Institut für Zeitgeschichte, 2016

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