Signé en 1919 entre les vainqueurs de la Première Guerre mondiale et l’Allemagne, le traité de Versailles a mauvaise réputation. Les conditions imposées au vaincu, bien trop strictes, auraient contenu les germes d’un inévitable conflit futur. Sauf qu’en réalité ce traité tant décrié n’était pas si mauvais, estime l’historien Eckart Conze dans
Die grosse Illusion.
Certes, les clauses du traité n’étaient pas tendres, mais parler d’une « paix carthaginoise », comme on n’a cessé de le faire dès 1919, est très exagéré. « En dépit de toutes les amputations de territoire et de toutes les réparations, de tous les affaiblissements économiques et de toutes les restrictions militaires, l’Allemagne restait non seulement un État, mais, contrairement à ce qui se passera en 1945, une puissance européenne et une grande puissance potentielle », écrit-il dans l’hebdomadaire
Die Zeit. Définitivement démembrés, l’Empire ottoman et l’Empire austro-hongrois ne pouvaient en dire autant.
Quant aux réparations, leur montant fut fixé en 1921 à 132 milliards de marks-or. « L’indignation fut grande, relate Eckart Conze. Personne ne voulait se souvenir ...