Les villes moyennes sont les grandes absentes de la littérature allemande contemporaine. Elles ont beau abriter un tiers de la population du pays, rien n’y fait : les auteurs leur préfèrent les métropoles, les villages ou, mieux, « l’opposition grandissante entre ces deux pôles », note Arno Frank dans le magazine
Der Spiegel. D’un côté, « l’avant-garde urbaine de la mondialisation » et la « cohabitation bariolée ». De l’autre, le «ressentiment rural» et les « populistes de droite ».
D’où la satisfaction d’Arno Frank et d’une bonne partie de la presse germanophone à la lecture d’
Ein Mann seiner Klasse, ouvrage dans lequel le journaliste Christian Baron raconte son enfance et sa jeunesse à Kaiserlautern, 100 000 habitants. Dans l’hebdomadaire
Die Zeit, Ijoma Mangold se demande si on n’a pas affaire à la version allemande de
Retour à Reims, de Didier Éribon (qui, à en croire Mangold, a eu plus de succès encore en Allemagne qu’en France). Comme Éribon, Baron vient d’un milieu très modeste : son père, ouvrier, est violent et alcoolique. Sa mère meurt quand il ...