Publié dans le magazine Books n° 99, juillet/août 2019. Par Ross Andersen.
À lire L’Épopée de Gilgamesh, la Bible hébraïque ou, plus près de nous, La Divine Comédie et le Discours de la méthode, la forêt incarne des forces du mal qu’il faut combattre. Cela explique-t-il notre passion pour la déforestation ?
Robert Pogue Harrison est professeur de littérature italienne à l’université Stanford, en Californie. Spécialiste de Dante, il est notamment l’auteur de Jardins. Réflexions sur la condition humaine(Le Pommier, 2007) et de Rome, la pluie. À quoi bon la littérature ? (Flammarion, 1994).
Dans votre livre, vous montrez que le furieux besoin de déforestation de l’être humain a des causes psychologiques. Vous pensez que cela vient de notre angoisse face à la fatalité de la mort et faites remonter cette pulsion destructrice à l’un des tout premiers documents de la culture humaine, L’Épopée de Gilgamesh.
L’existence de
L’Épopée de Gilgamesh nous est restée inconnue pendant des millénaires, donc je ne dirais pas que ce texte a eu une influence sur l’attitude des Occidentaux à l’égard de la forêt. Mais il est troublant de voir à quel point la relation psychologique entre la culture occidentale et la nature – ...